TOMMY TALTON: Somewhere South of Eden (2017)

L’âge commence à se faire sentir! Je ne me rappelle plus bien ce que j’avais écrit au sujet de l’avant-dernier album de Tommy Talton. Peut-être une phrase du style « Quand un artiste de la trempe de Mr Talton sort un nouveau disque, on l’écoute et on l’apprécie sans se poser de questions ». Ou un truc dans le genre. Oui, l’âge est là ! Je vais donc associer les défauts de mémoire au radotage en reprenant quasiment la même formule pour ce « Somewhere south of Eden » qui marque le retour discographique d’un vétéran de la southern music, bien connu pour sa participation au groupe Cowboy dans les années soixante dix. Avec Tommy Talton, on n’est jamais déçu car le talent se trouve toujours au rendez-vous. Fidèle à lui-même, il assure toutes les parties de guitare du disque. La séduction s’opère d’entrée de jeu avec « I can’t believe it », un titre mélodique aux accents motown, arrangé de très belle façon (lignes de guitares rythmiques doublées, section de cuivres et solo de saxophone). On continue sur cette lancée avec le bluesy « Hard situation » qui propose un maximum de guitares acoustiques et un sympathique solo d’accordéon. Ce morceau s’articule sur une suite bien trouvée d’accords majeurs et mineurs. Vient ensuite « We are calling », une chanson country/folk avec une slide sudiste à souhait délivrant un superbe solo. Tommy Talton fait encore une incursion en territoire country/folk avec « Center of my soul » et son mur de guitares acoustiques. La perfection n’étant pas de ce monde, « I surrender » et « Waiting on the saints » ne sonnent pas trop mal mais ne déclenchent pas la passion. Mais Tommy rattrape le coup avec cinq titres qui se détachent largement de l’ensemble. Tout d’abord, « Somewhere south of Eden », une ballade étincelante et saisissante de beauté. La magie s’installe dès l’intro avec une slide majestueuse soutenue par un fond d’orgue aérien. Le solo, tout en glissandos de notes mélodieuses, prend directement aux tripes. Voilà sans aucun doute la meilleure chanson de l’album ! « Poblano », un instrumental aux consonances hispaniques, fait très fort avec une guitare électrique inspirée. On remarque la présence au piano d’un invité prestigieux en la personne de Mr Chuck Leavell. Rien de moins ! On fait un détour rafraîchissant du côté du country-bluegrass rapide avec « Don’t go away sore ». Au programme : deux guitares sèches, une batterie, une basse et un banjo. Impeccable ! « It’s gonna come down on you » (une pop song à la Eagle-Eye Cherry) se révèle très efficace avec un excellent solo de six-cordes. Le disque s’achève sur « When I fall asleep again », une superbe ballade lente et mélodique distillant un solo de guitare acoustique tout en feeling. En écoutant ce disque, on est transporté au temps des chansons de Gregg Allman et de Cowboy, époque bénie où l’on savait jouer de la musique. Ça y est ! Je recommence à radoter. Décidément, l’âge est là ! Comme tout le monde, Tommy Talton a vieilli… mais pas son talent. Un véritable retour aux sources de la southern music !

Olivier Aubry